Vous êtes-vous déjà demandé quel était le point commun entre :
- Les robots conversationnels
- L’acheminement de colis avant que l’acheteur passe commande pour Amazon
- Les recommandations de la plateforme Netflix
Toutes ces révolutions sont dues à la transformation digitale des entreprises.
Aujourd’hui, avec notre monde toujours plus connecté, les dirigeants n’ont pas le choix de s’impliquer dans la digitalisation de l’entreprise s’ils souhaitent rester compétitif.
Mais avant de parler des moyens qui s’offrent à votre entreprise pour entrer dans ce monde du numérique, comment peut-on définir la transformation digitale ?
Il est tout d’abord important de différencier le numérique du digital. Le terme de digital va s’appliquer à ce que l’utilisateur peut faire d’outils numériques, à la manière de les utiliser. On comprend donc que le numérique va plutôt qualifier les désignations technologiques utilisées.
En effet, la numérisation des entreprises existe depuis de nombreuses années. Nous avons ainsi vu apparaitre dans les années 90 des logiciels et des systèmes d’aide à la décision permettant d’aider les collaborateurs d’une entreprise.
Ce n’est qu’au début des années 2010 que ces outils se sont suffisamment développés pour permettre le développement de pratiques de travail centrés sur la créativité, l’ajustement mutuel, la coconstruction, l’échange et la mobilité. Facile à prendre en main, ces outils qui nous obéissent au doigt et à l’œil ont permis une utilisation variée de ces technologies, laissant place à une certaine autonomie d’action.

La transformation digitale désigne donc le processus qui conduit une entreprise à intégrer les technologies digitales dans l’ensemble de ses activités, dans le but de renforcer sa performance. Grâce à l’exploitation d’un ensemble d’algorithme, cette démarche centrée sur la datascience permet par exemple de favoriser l’acquisition de nouveaux prospects, de faciliter leur transformation en clients, de garantir leur fidélité grâce à une exploitation optimale et d’augmenter différentes fonctions de l’entreprise (marketing, supply chain, finance, RH, etc.).
Une transformation réussie est en effet censée garantir une organisation cohérente et « intelligente » capable de prévenir l’attrition d’un client, d’anticiper les attentes d’un prospect, d’élaborer une offre dédiée, etc. Les potentiels sont nombreux et ce, quel que soit le maillon de la chaîne de valeur concernée.

La transformation digitale est également une transformation des pratiques de travail internes. Elle permet une organisation plus collaborative, moins hiérarchisée et laisse à l’acteur une plus large autonomie. Cependant ce changement plus profond demande une réelle réorganisation de la façon de travailler et implique une adhésion des collaborateurs.
Toutes ces modifications ne sont pas seulement dues à des volontés internes de l’entreprise, mais également à des facteurs externes tel que les clients qui demandent aux entreprises de s’adapter à leurs besoins.
Aujourd’hui, des flux d’informations ont vu le jour, alors qu’ils n’étaient pas gérés ou n’existaient pas avant. Une des autres forces de la transformation digitale consiste dans le fait que les informations sont comprises par tous. En effet, les smartphones, tablettes ou montres connectées permettent une navigation intuitive à travers ce flux de données constant.
Alors que la digitalisation est omniprésente dans notre quotidien, sa naissance dans les entreprises peut être plus difficile. En effet, plusieurs difficultés sont rencontrées :

Pour déterminer la maturité digitale d’une entreprise, il est possible d’utiliser ce graphique créé par l’entreprise AT INTERNET pour se situer :

Mais concrètement, comment une entreprise peut-elle développer sa transformation digitale ?
Les entreprises classiques ne sont pas toujours adaptées au monde du digital qui évolue rapidement. Il faut alors qu’elles adoptent des structures organisationnelles plus réactives et plus agiles.
Dans leur livre « Transformation digitale – 5 Leviers pour l’entreprise », Fayon et Tartar proposent un modèle afin de considérer la transformation digitale selon les cinq leviers suivants :
- L’organisation.
- La technologie et l’innovation.
- Le personnel.
- Les produits et services.
- L’environnement.

Ces leviers peuvent alors être caractérisés en fonction de critères, déclinés en sous-critères, évalués par des indicateurs.
Ce modèle a pour avantage de déterminer et mesurer le niveau de transformation digitale d’une entreprise. Il peut cependant être complexe à mettre en œuvre et ne donne qu’une photographie de la situation. De plus, il ne poursuit aucune méthodologie de mise en œuvre, d’accompagnement au changement ou de transformation.
La digitalisation d’une entreprise va au-delà des dimensions techniques et organisationnelles. Il s’agit d’une transformation totale de l’entreprise où il faut réinventer le fonctionnement interne en passant par la stratégie, l’organisation managériale ou encore l’environnement collaboratif.
Ce processus étant individuel et complexe, nous ne pourrons voir ensemble la méthode qui conviendra parfaitement à votre entreprise. Cependant, nous allons proposer des pistes pour appréhender cette transformation et les références proposées en fin d’article vous permettront d’approfondir le sujet plus en détail.
Tout d’abord comme nous l’avons dit préalablement, il est nécessaire d’obtenir l’adhésion des collaborateurs. Il est donc important de générer une dynamique passant d’un changement subi à un changement choisi. Il faut construire ce projet avec une vision partagée qui donnera du sens et mobilisera les individus.
Il faut traduire l’ambition de votre entreprise en objectifs et définir des axes stratégiques pour les atteindre. Plusieurs outils d’aide à l’analyse stratégique peuvent être utilisés : les 5 forces de Porter, la matrice BCG, la matrice Mac Kinsey ou encore le SWOT.
Stratégie d’alignement des SI
La stratégie de l’entreprise étant définie, il est à présent nécessaire de déterminer la stratégie d’alignement des systèmes d’information (SI) et du digital. Pourquoi alignement ? Car la stratégie des SI doit se développer en cohérence avec la stratégie de l’entreprise. Henderson et Venkatraman proposent en 1993 un modèle d’alignement, le SAM (Strategic Alignement Model).
Ce modèle, permettant une performance générale liée à l’alignement entre la position concurrentielle et une structure appropriée, est divisée en deux domaines : l’activité de l’entreprise et le domaine du SI, eux-mêmes subdivisés en deux niveaux, interne (structure) et externe (stratégie).

Ici, « infrastructure et processus de l’entreprise » peut être remplacé par le terme de « métiers » et « infrastructure et processus des SI » par le terme de « Direction des Systèmes d’Information » (DSI).
Pour Venkatram et Henderson, un cycle d’alignement stratégique passe par la succession de trois domaines : un domaine d’ancrage, un domaine pivot et un domaine d’impact.
Par exemple, dans le cycle d’alignement 1, le domaine d’ancrage correspond à la stratégie de l’entreprise, le domaine pivot aux métiers et le domaine d’impact à la DSI.
Quatre formes d’alignement stratégique peuvent alors être déclinés avec ce modèle. Lorsque la stratégie concurrentielle est motrice dans le changement, on s’intéressera aux perspectives 1 et 2. Si la stratégie des technologies de l’information (TI) est le moteur, alors on regardera les perspectives 3 et 4.
Ces 4 formes vont avoir des objectifs différents :
- Forme 1 (en rouge) : exécution opérationnelle de la stratégie.
- Forme 2 (en bleu) : développement d’un potentiel technologique.
- Forme 3 (en vert) : développement d’un avantage concurrentiel.
- Forme 4 (en orange) : amélioration de la qualité de service.
Une fois mise en place, l’alignement des systèmes d’information permet plusieurs apports à l’entreprise : une amélioration globale de la performance, l’obtention d’avantages concurrentiels et l’acquisition de la flexibilité.
Cependant, pour correctement effectuer une transformation digitale de son entreprise, il est nécessaire de respecter les 5 piliers de la gouvernance des SI :
- L’alignement stratégique que nous venons de voir.
- La création de valeur.
- La gestion des ressources.
- La gestion des risques.
- La mesure de la performance.
Quel outil utilisé pour votre gouvernance des SI ?
En 1994, l’ISACA (association internationale ayant pour but d’améliorer la gouvernance des SI) a développé un outil permettant d’instaurer un langage commun pour parler de cette gouvernance : le CobiT (Control Objectives for Information and related Technology).
Le CobiT est un cadre de contrôle qui vise à assurer la maitrise et le suivi de la gouvernance des SI.
Cet outil est une approche orientée processus qui permet de décomposer un système informatique en processus, eux-mêmes décomposés en activités, l’ensemble étant réparti en domaines fonctionnels.
CobiT 5 définit 37 processus regroupés en cinq domaines :
- Évaluer, diriger, et surveiller
- Aligner, planifier et organiser
- Bâtir, acquérir, et implanter
- Livrer, servir et soutenir
- Surveiller, évaluer et mesurer

Il s’inspire pour cela de Cobit 4.1 qui permet de répondre à quatre questions :
- Comment utiliser au mieux les technologies afin que l’entreprise atteigne ses objectifs ?
- Comment définir, acquérir et mettre en œuvre les technologies nécessaires en adéquation avec les business processus de l’entreprise ?
- Comment garantir l’efficacité et l’efficience des systèmes technologiques en action ?
- Comment s’assurer que la solution mise en œuvre corresponde bien aux besoins de l’entreprise dans une perspective stratégique ?
En utilisant cette approche processus, l’entreprise entre dans un cercle vertueux permettant une amélioration continue. Même si cet outil peut être long à mettre en place, il permet aux entreprises d’évaluer point par point son système d’information et de définir le niveau d’amélioration cible.
Pour finir, la transformation digitale de votre entreprise est bien plus qu’un changement technique ou organisationnel. Il s’agit d’un bouleversement pour lequel il faut gérer la dimension humaine en faisant face aux inquiétudes, incompréhension et pertes de repères. La conduite du changement est donc une étape clé.
Le profession John P. Kotter a identifié 8 étapes clés pour parvenir à conduire le changement avec efficacité et succès :

Il est cependant nécessaire de prendre en compte que le changement intègre une part émotionnelle, qu’il n’est pas linéaire et qu’il ne peut pas être imposé. Oublier ces considérations empêcherait le changement d’aboutir en ne créant aucune coopération de la part de vos collaborateurs.
À présent… c’est à vous !
Nous avons vu ensemble les différentes et complexes facettes de la transformation digitale : tout d’abord, définir la stratégie de l’entreprise grâce à des outils tel que le SWOT puis y aligner la stratégie des systèmes d’information et du digital avec, par exemple, le modèle de Henderson et Venkatraman. Il est donc nécessaire pour votre entreprise d’avoir une gouvernance des SI optimales en respectant les 5 piliers que nous avons évoqué ensemble. Grâce à l’outil CobiT, vous pourrez ainsi définir votre niveau de digitalisation et maitriser cette gouvernance.
Ce processus peut paraitre long et difficile, mais s’il est bien orchestré et que l’ensemble de votre équipe y adhère, il permettra à votre entreprise de se différencier, de faciliter le parcours client ou encore d’augmenter votre croissance.
Si vous faites partie des curieux qui se posent des questions sur la transformation digitale, que vous êtes intéressés par sa mise en place dans votre entreprise ou que vous avez commencé à l’instaurer, n’hésitez pas à consulter les sources supplémentaires et à laisser un commentaire pour nous raconter votre expérience !
Merci de m’avoir lu et restez connecté !
- Dudézert A. La transformation digitale des entreprises [Internet]. La Découverte; 2018. Disponible sur: https://www.cairn.info/la-transformation-digitale-des-entreprises–9782348036019.htm
- Allouche J, Zerbib R. La transformation digitale : enjeux et perspectives. Rev Sci Gest. 2020;N°301-302(1):75.
- Réseaux sociaux : Modèle de maturité Social Media Marketing – AT Internet – AT_social-maturity-model_fr.pdf.
- Qu’entend-t-on par gouvernance des systèmes d’information ? [Internet]. SInergique.com. 2012. Disponible sur: https://sinergique.wordpress.com/2012/11/23/la-gouvernance-des-systemes-dinformation/
- Qu’est-ce COBIT ? Control OBjectives for Information and related Technology [Internet]. Management et Performance, piloter.org. [cité 24 févr 2021]. Disponible sur: https://www.piloter.org/gouvernance/COBIT_gouvernance_SI.htm
- Autissier D, Vandangeon-Derumez I, Vas A, Johnson K. Conduite du changement : concepts clés. 60 ans de pratiques héritées des auteurs fondateurs [Internet]. Paris: Dunod; 2018. 348 p. (Stratégie d’entreprise; vol. 3e éd.). Disponible sur: https://www.cairn.info/conduite-du-changement-concepts-cles–9782100769414.htm
Double cursus de Doctorat en Pharmacie en filière Industrie et de Master 2 Management
